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Le séminaire aura lieu le mardi de 16h30 à 18h30 en salle 674, Grands Moulins, Bât. C, 5 rue Thomas Mann, 75013 Paris

Il s’adresse à tous les étudiant.e.s inscrit.e.s en thèse de l’ED 131, il est également accessible aux étudiant.e.s de Master.

Qu’elle constitue un projet de recherche ou un projet de recherche-création, une thèse s’articule toujours autour de l’énoncé d’une problématique qui s’exprime sous la forme d’un questionnement novateur. « Avoir une thèse », c’est aussi, de ce point de vue, soutenir une argumentation. Pour cela, il est indispensable de savoir situer son propos. Depuis quelle place – esthétique, politique, sociale, anthropologique – puis-je prendre la parole, construire une hypothèse, faire porter mon propos ? Si le champ des études visuelles se nourrit largement des approches développées en sciences humaines et sociales, il a su également forger ses propres outils méthodologiques indispensables à l’intégration des images, fixes et en mouvement, aux corpus déjà constitués. Ce séminaire a pour vocation de présenter un état des lieux des courants théoriques au sein desquels la recherche aujourd’hui se pratique. Chaque séance sera consacrée à la présentation d’une approche, mais réservera un temps de discussion et de présentation aux travaux des doctorants, l’enjeu étant d’accompagner chacun dans l’élaboration et l’énoncé de « sa » propre thèse.

9 décembre 2025Benjamin Thomas (Université de Strasbourg), « Penser le cinéma : “Pour un observateur lointain” ».

Cette séance débutera exceptionnellement à 16h.

Il y a 18 ans, j’ai soutenu une thèse sur le cinéma japonais contemporain. A l’époque de ce travail, j’ai dû me poser explicitement des questions méthodologiques importantes. Elles portaient, entre autres, sur la position d’un chercheur issu d’une culture étrangère à celle de son objet d’étude, sur les pièges à éviter lorsque l’on s’emploie à mieux comprendre une culture, une langue, mais que l’on entend s’inscrire dans un champ disciplinaire dont le cœur battant serait, pour le dire vite, l’esthétique des formes filmiques et non une approche civilisationniste. Celles-là, je les ai donc affrontées d’emblée. D’autres sont survenues au fil de l’élaboration de la thèse, dont la plus prégnante : ai-je envie d’être spécialiste d’une cinématographie nationale ?

Mais, les années passant, il m’est apparu que je n’étais sans doute pas en mesure de déplier tous les enjeux que contenait (pour moi) cette thèse à l’époque de son écriture (autrement dit, une thèse survit parfois longtemps à sa soutenance…). Parmi ceux-ci, on trouverait des questions épistémologiques et méthodologiques, ou plutôt d’autres réponses possibles à de telles questions que celles que j’avais formulées alors, aussi bien que quelques révélations pour la compréhension de mon propre parcours. Pour le dire vite : ayant quitté le cinéma japonais, je n’ai au fond jamais abandonné des questions théoriques qu’il m’avait permis de cerner une première fois, et dont j’ai pu croire un temps qu’elles lui étaient liées.

Benjamin Thomas est professeur en études cinématographiques à l’université de Strasbourg. A partir de son essai paru en 2019 chez Circé, Faire corps avec le monde. De l’espace cinématographique comme milieu, il a mené des travaux sur le paysage (De l’insistance du monde. Le paysage en cinéma, Caen, Passage(s), 2022) et sur une possible esthétique des personnages de cinéma (Sujets sensibles, Bruxelles, La Lettre volée, 2022). Les prolongements de ces recherches l’amènent aujourd’hui à s’intéresser aux puissances écologiques des formes filmiques (avec notamment son dernier ouvrage en date, co-écrit avec Vivien Philizot et Sophie Suma, Ecologie des images. Film, séries et autres milieux visuels, Lyon, éditions 205, 2025).

20 janvier 2025, Jules Ramage, « [H]-recherche-création autour des corps intersexués »

Les personnes intersexes naissent avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions traditionnelles du sexe masculin ou féminin : variations chromosomiques, hormonales ou anatomiques se situant sur un spectre corporel large. Activistes et ONG parlent d’un double effacement : médical d’abord, à travers les nombreux actes destinés à nous mettre en conformité avec les conventions sociales de sexe et de genre (chirurgie, hormones) ; politique ensuite, puisqu’il nous est impossible, en France, d’obtenir une carte d’identité correspondant à notre corps.

La problématique de recherche qui s’est d’abord posée à moi, profondément intime, était de savoir si nous apparaissions dans le récit visuel français et, si oui, de quelle manière. Au sein des collections nationales, nous sommes essentiellement intégrés dans des traités de tératologie datant du XIXe siècle : photographies médicales d’examens gynécologiques forcés ; mise en scène de corps nus sur des socles. Forgée à partir de ce constat, [H] est une proposition de réponse, un projet de recherche-création au long cours destiné à esquisser un nouveau répertoire visuel pour nos vécus et pour nos corps. Il suit trois hypothèses de recherche :

– D’abord, travailler non seulement depuis ma position d’artiste et de chercheur, mais surtout, depuis ma place de personne intersexe concernée.

– Ensuite, entrelacer la recherche iconographique portant sur la culture visuelle associée à nos corps, et la production de mes propres images, afin d’en détourner les codes et les médiums.

-Enfin, à partir du dispositif photographique testé et mis en place à partir de mon propre corps, ouvrir la recherche à des logiques de co-création de contenu et d’images : une logique collective, communautaire, de contre-archivage, portée par et avec des camarades concerné*es et volontaires pour participer.

Jules Ramage est un artiste visuel et chercheur intersexe. Diplômé du Fresnoy-studio national des arts contemporains, docteur en Sémiologie du Texte et de l’Image, il est associé au laboratoire CERILAC d’UPCité et membre de la Cité du Genre, institut de recherche en études de genre. Son travail explore les liens entre institutions de contrôle, pouvoir médical et violences de genre. Il a été récompensé par le prix FoRTE en 2018, nominé au prix le BAL-Jeune Création en 2019 et reçu le prix Social Practice Arts, en duo avec Marina Ledrein, en 2022. Son travail est présenté en France et à l’international.

3 février 2025 – Evelyn Kreutzer (Università della Svizzera italiana & Haute école de Lucerne), « Televising Taste : From thesis to text to video ».

I recently turned my dissertation from a « traditional » written text into a videographic book (with both written and videographic components). I propose to discuss the ways in which different methods and practice-based strategies help re-evaluate the original argument/thesis/approach, and how large-scale projects may come about through smaller fragments.

Evelyn Kreutzer is a video artist and video essayist. Her forthcoming monograph, based on her PhD is entitled: “Televising Taste: Televising Taste: Performing Classical Music on American Screens. »

17 février 2025, Jacques Aumont, La thèse avant la thèse

Un film n’existe pas avant d’avoir été réalisé. Du moins, il n’existe pas pour ses spectateurs. Pourtant, il a déjà une existence virtuelle : une idée de départ, un projet écrit, un scénario, des dessins préparatoires, un storyboard… Il en va de manière un peu comparable pour ce qu’on appelle en abrégé « une thèse ». Ce terme désigne aussi bien, en effet, le mémoire écrit, de quelques centaines de pages, qui trouvera ses lecteurs et ses juges, que l’opération intellectuelle qui en a permis la gestation et la mise au jour. Filant la métaphore cinématographique, nous distinguerons, dans cette gestation, trois grands moments : l’idée première (l’intuition directrice) ; la problématique à laquelle elle se rattache, et qu’il faut (s’)expliciter ; enfin, les hypothèses concrètes auxquelles on en vient, et dont l’articulation fait la thèse. Bien sûr, une thèse a un objet, qu’il soit une œuvre singulière ou un vaste corpus – un peu comme un film a son casting et son décor. Mais il n’y a pas de thèse, au vrai sens du mot, si cet objet n’est pas éclairé, et expressément, par la lumière des idées, des problèmes et des hypothèses. Nous tâcherons de réfléchir sur cette affirmation à partir d’exemples aussi précis que possible.

Jacques Aumont est professeur émérite à l’université Sorbonne Nouvelle et directeur d’études (retraité) à l’EHESS. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le cinéma et les images, parmi lesquels L’Œil interminable (1989, 2007), L’Image (1990, 2020), Du visage au cinéma (1992), L’interprétation des films (2017), Fictions filmiques (2018), Doublures du visible (2021), Tarkovski Solaris 1972. Voyage au bout de soi-même (2023). Et bien d’autres encore…

17 mars 2025, Dimitri Martin Genaudeau (Université PSL et La Fémis), « L’animal et l’animalité saisis par le cinéma burlesque ».

Dimitri Martin Genaudeau vient de soutenir une thèse SACRe intitulée « Un Insecte dans mon Pantalon. L’animal et l’animalité saisis par le cinéma burlesque ».

14 avril 2025, Reprise méthodologique et travaux des étudiant.e.s

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