Vers une Médecine de Transplantation plus Équitable, Précise et Innovante
La transplantation d’organes solides est une avancée médicale majeure, mais reste confrontée à des défis persistants liés à l’accès équitable, la pénurie d’organes et l’optimisation du suivi post-greffe.
Trois publications publiées aujourd’hui, dont l’une portée par le Pr. Alexandre Loupy, Professeur des universités praticien hospitalier (AP-HP/ UFR de Médecine) et néphrologue à l’hôpital Necker, dans The Lancet dressent un panorama complet des avancées scientifiques, technologiques et politiques dans ce domaine.

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Une crise mondiale d’accès et de disponibilité
Seule une infime partie des besoins mondiaux en transplantation est actuellement couverte : moins de 10 % selon l’OMS. Les obstacles sont nombreux, allant de l’absence d’infrastructure nationale dans de nombreux pays à des critères trop stricts d’acceptabilité des greffons. À titre d’exemple, environ 50 000 organes sont rejetés chaque année rien qu’aux États-Unis et en Europe, souvent à cause de jugements cliniques incertains.
Des solutions technologiques émergent : la perfusion ex vivo permet de restaurer et d’évaluer des organes auparavant jugés non viables. Des efforts sont également déployés pour mieux utiliser les organes de donneurs avec hépatite C ou VIH, grâce à des traitements antiviraux efficaces. Ces approches ont permis d’élargir le nombre de greffes, mais ne suffisent pas à répondre à la demande.
La médecine de précision post-transplantation
Malgré une réduction drastique des rejets aigus depuis les années 1980, les effets secondaires à long terme des immunosuppresseurs (infections, cancers, maladies cardiovasculaires) nuisent à la survie des greffons et à la qualité de vie des patients. Le virage vers une médecine personnalisée, fondée sur des biomarqueurs innovants et l’intelligence artificielle, promet une meilleure stratification des risques et des traitements plus ciblés.
Des outils comme l’algorithme iBox pour les greffons rénaux, récemment validé comme critère d’essai clinique par l’EMA et la FDA, représentent un tournant. De même, le développement de tests sanguins non invasifs visant à détecter précocement les rejets permettrait de réduire le recours aux biopsies, souvent lourdes et peu informatives.
L’enjeu crucial de l’équité
Les auteurs insistent sur le rôle des déterminants sociaux dans les inégalités d’accès : les minorités raciales, les populations rurales et les patients à faible revenu sont systématiquement désavantagés dans les pays riches, comme aux États-Unis. Le manque de coordination entre professionnels de santé, l’opacité des critères d’éligibilité, les barrières financières et la méfiance institutionnelle aggravent ces écarts.
La transformation de la transplantation d’organes passe donc par une triple révolution : technologique, médicale et politique. Pour qu’elle profite à tous les patients, les avancées scientifiques doivent être soutenues par des politiques équitables, un meilleur partage des ressources et une transparence accrue. Comme le résument les auteurs : « la transplantation est un succès de la médecine moderne — à condition de ne pas en faire un privilège. »
Trois webinaires seront proposés sur ces sujets, en juillet par société Européenne (ESOT), internationale (TTS), et Américaine (AST) et The Lancet.
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