Un mécanisme de résistance cellulaire à l’origine de rechutes du cancer du sein triple négatif vient d’être découvert par une équipe de l’Université Paris Cité, du CNRS et de l’Institut Curie. Ces résultats ont été publiés dans la revue Cancer Research, a journal of the American Association for Cancer Research en novembre 2025.

Tumeur du sein chez l’animal. Les cellules sont marquées en bleu et les molécules keratin 8 en orange.

© Équipe Vallot – Institut Curie

Le cancer du sein triple négatif est l’un des cancers les plus agressifs et difficiles à traiter. Il répond généralement bien aux combinaisons thérapeutiques de chimiothérapie, mais une infime minorité de cellules tumorales peut parvenir à survivre à ces traitements. Ces cellules dites « persistantes » sont par la suite capables de reformer un cancer, provoquant des rechutes du cancer du sein.

Selon les travaux d’une équipe de recherche menée par des scientifiques du CNRS et de l’Institut Curie au laboratoire Dynamique de l’information génétique : bases fondamentales et cancer (CNRS/Institut Curie/Sorbonne Université), au département de recherche translationnelle de l’Institut Curie et des scientifiques du laboratoire Épigénétique et destin cellulaire (CNRS/Université Paris Cité), les cellules « persistantes » partagent un même programme transcriptionnel d’une patiente à une autre, quels que soient les traitements reçus. Les scientifiques ont également identifié plusieurs molécules impliquées dans ce programme commun, qui détermine quels gènes sont activés ou non. Parmi ces molécules, la protéine « FOSL1 » joue un rôle central, tel un véritable « interrupteur on/off » de la résistance.
Grâce à cette adaptation non génétique et réversible, les cellules modifient leur fonctionnement et survivent aux traitements, avant d’y redevenir sensibles par la suite.

Une piste prometteuse pour une médecine plus préventive

Ces résultats ont été obtenus grâce à des expériences réalisées chez la souris, à partir de biopsies de tumeurs prélevées chez huit patientes de l’Institut Curie – un nombre encore jamais atteint pour ce type d’étude. Grâce aux technologies de séquençages, les scientifiques ont pu analyser les tumeurs à différentes étapes et identifier les mécanismes de survie des cellules tumorales.

L’enjeu désormais est d’identifier les marqueurs biologiques de cette résistance. Cette découverte constitue une étape essentielle vers une médecine plus préventive, capable d’anticiper et d’éviter les rechutes dans les cancers les plus agressifs. Elle ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques visant non seulement à éliminer les cellules tumorales, mais aussi à empêcher leur entrée dans l’état persistant.

Plus d’informations sur le site web du CNRS

Référence

Characterization of Drug-Tolerant Persister Cells in Triple-Negative Breast Cancer Identifies a Shared Persistence Program across Treatments and Patients.
Lea Baudre, Gregoire Jouault, Pacome Prompsy, Melissa Saichi, Sarah Gastineau, Christophe Huret, Laura Sourd, Ahmed Dahmani, Elodie Montaudon, Florent Dingli, Damarys Loew, Elisabetta Marangoni, Justine Marsolier et Céline Vallot.
Cancer Research, a journal of the American Association for Cancer Research, 2025 

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