Les violences à l’encontre des femmes y compris pendant la grossesse constituent un problème majeur de santé publique. Elles peuvent entrainer la mort, le handicap, et différents troubles de santé mentale et physique que ce soit chez la mère ou pour l’enfant à naître. Une équipe réunissant des chercheurs de l’Inserm et l’Université Paris Cité au sein du Cress (Centre de recherche en épidémiologie et statistiques), a enquêté sur la fréquence des abus physiques pendant la grossesse, ses conséquences pour la mère et pour l’enfant, ainsi que les caractéristiques associées à ces violences, dans le cadre de l’Enquête nationale périnatale de 2016 qui incluait plus de 12 000 femmes. Publiés dans le Maternal and Child Health Journal, leurs résultats estiment qu’1,8 % d’entre elles ont subi des violences physiques pendant leur grossesse.

Contact chercheuse
Marie Josèphe Saurel-Cubizolles
Equipe EPOPé U1153 – Centre de recherche Epidémiologie et Statistiques – Université Paris Cité
Tel : 01 56 01 83 66
marie-josephe.saurel@inserm.fr
Bien que la proportion soit difficile à estimer et qu’elle varie selon les régions, environ 1/3 des femmes dans le monde entier sont victimes d’abus physiques ou sexuels, de leur partenaire ou d’une autre personne.
Quand ces femmes sont enceintes, cela peut avoir des conséquences très néfastes pour leur santé et celle de l’enfant à naître. Mais jusqu’à présent, nous n’avions pas de données concernant les violences physiques spécifiquement pendant la grossesse, à l’échelle nationale.
Cette lacune est désormais comblée grâce aux travaux d’une équipe mixte de recherche (EPOPé) réunissant l’Inserm et l’Université Paris Cité au sein du Cress. Les chercheurs ont étudié ce phénomène en s’appuyant sur les données recueillies lors de l’Enquête nationale périnatale réalisée en 2016 auprès de 12 330 femmes dans des maternités publiques ou privées en France. (Cf. Rapport : Enquête nationale périnatale 2016. Les naissances et les établissements, situation et évolution depuis 2010). L’objectif de cette étude, coordonnée par Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, était de connaître la fréquence des violences physiques pendant la grossesse, les facteurs de risque, les conséquences pour la mère et pour l’enfant, étapes essentielles pour mettre en place des mesures visant à réduire l’incidence de ces violences.
Les chercheuses ont ainsi calculé qu’1,8 % de l’ensemble des femmes interrogées avaient subi des violences physiques pendant leur grossesse, et que différentes caractéristiques y étaient associées.
En particulier, les femmes qui ne sont pas en couple cohabitant, qu’elles soient en couple non cohabitant ou sans partenaire, sont plus nombreuses à être victimes. La fréquence des violences est également fortement liée aux revenus du ménage, plus élevée pour les femmes vivant dans ceux ayant moins de ressources financières. Enfin, certains comportements comme la consommation de tabac, ou de cannabis, par la future mère sont plus fréquents en cas de violences physiques.
Les chercheuses montrent également que ces violences entraînent des conséquences très néfastes pour la mère et pour l’enfant. En effet, 62 % des femmes ayant subi des abus physiques ont affirmé avoir été en situation de détresse psychologique pendant la grossesse, contre 24 % pour les autres femmes. En ce qui concerne le nouveau-né, ces violences sont associées à un risque plus élevé de naissance prématurée ou encore de transfert de l’enfant dans une unité de soins intensifs.
Une meilleure connaissance des facteurs associés aux situations de violences et la mise en évidence des complications pour la mère et pour l’enfant devraient aider les professionnels de santé à développer des stratégies préventives ou de protection et les conduire à évoquer cette question lors des consultations anténatales.
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